Ghornag, le Dieu de la Guerre, se vanta un jour auprès des autres Dieux de posséder deux magnifiques haches de lancer indestructibles, et capables de traverser n’importe quelle matière. Il leur montra fièrement ses deux hachettes, et défia quiconque de parvenir à les lui prendre. Mais aucun dieu ne voulait l’affronter de peur de semer une discorde fratricide dans leurs rangs. Déçu, il annonça alors qu’il offrirait l’immortalité au mortel qui y parviendrait.
Les plus grands et fiers guerriers orcs tentèrent leur chance et lancèrent un défi à Gornagh. Beaucoup ne revinrent jamais, ou en très mauvais état.
Dorkha Khlarr était une mortelle d’ascendance divine, matriarche respectée, qui dirigeait d’une main de fer son klan. Elle était réputée parmi tous les orcs comme un être d’une très grande beauté, femelle particulièrement désirable, mais aussi d’une ruse remarquable et vénéneuse.
Elle apprit la promesse faite par Ghornag et décida de tenter sa chance. Elle parvint assez facilement à le séduire, et se retrouva rapidement dans le divine couche. Lorsque le désir du Dieu fut apaisé, celui-ci, confiant, s’endormit et se mit rapidement à ronfler. Elle se mit alors à la recherche des hachettes. Elle mit deux semaines à parcourir le domaine du Dieu et à découvrir l’endroit où il rangeait ses armes. Chaque fois qu’il s’endormait, elle en profitait pour chercher. Durant cette période, elle apprit à le connaître et sentit que lorsqu’il comprendrait tout, sa vengeance serait terrible. Mais il était trop tard pour reculer. Enfin, elle découvrit les hachettes, et s’enfuit avec. Lorsque le Dieu se réveilla et compris qu’il avait été joué, il entra dans une fureur sauvage. Il la chercha partout, et finit par la retrouver, cachée dans une forêt. Il s’apprêtait à abattre sa hache sur elle, lorsqu’elle se dressa fièrement devant lui, lui rappellant la promesse formelle qu’il avait faite d’offrir l’immortalité à celui qui pourrait les lui prendre.
Il fut contraint de respecter sa parole et s’exécuta. Il réclama les hachettes à Dorkha, qui les lui rendit de bonne grâce. Aussitôt après avoir récupéré ses belles haches, il laissa sa colère se répandre et la transforma, pour la punir de sa fourberie, en une louve, la condamnant à errer éternellement, chassée par les orcs.
Puis il rentra chez lui, serrant fermement en ses mains les deux haches subtilisées…. Il les serra d’ailleurs un peu trop fort et s’entailla légèrement une main. N’y prenant pas plus garde que cela, il les rangea avec ses autres armes. Le lendemain, il tomba malade. Otharn lui révéla qu’on avait enduit les petites haches d’un poison extrêmement violent. Autour du manche de l’une des armes, le Dieu Shaman avait découvert un petit mot lui indiquant que Dorkha en possédait l’antidote, et qu’il devrait lever le charme qu’il lui aurait probablement lancé pour se venger, pour qu’elle le lui donne. Mais l’orgueilleux Gornagh refusa catégoriquement, et le dieu resta couché, atteint par une violente fièvre, pendant une semaine.
Lorsqu’il put enfin se lever, il maudit le nom de Dorkha, mais ne put s’empêcher en même temps d’admirer sa subtilité, et il se jura de tirer parti de ses erreurs. La ruse était une arme de guerre aussi puissante que la force physique, et il avait eu tendance à l’oublier.
Il fit faire deux gaines pour les haches et refusa d’y toucher à nouveau. Il ordonna qu’on y grave ces mots : sur la première : « Une hache à double tranchant file bruyamment dans les airs… » et sur la seconde : « ….mais prend garde à la seconde qui t’atteint dans le dos ! ».
On les nomme Ruse et Poison.
De nombreux cycles plus tard, Gornagh apprit par hasard que de son union avec Dorkha était née une portée de demi-dieux, êtres mi-orcs mi-loups.
Eux et leurs descendants avaient été régulièrement chassés par les adolescents orcs, qui mangeaient leur cœur et ornaient leurs casques de leur tête afin d’augmenter leur puissance guerrière, car les reliques de ces loups étaient magiques.
Alors les descendants de Dorkha avaient fui vers le Nord, et on ne les avait jamais revu.
Gornagh se mit à leur recherche, et voulut rencontrer le chef de ses fils, son aîné.
Il se présenta à lui et apprit qu’il se nommait Wolfr’. Son fils lui tenait grande rigueur pour tous les maux qu’il avait fait subir à sa mère et refusait de lui pardonner. Gornagh comprit le point de vue de son fils. Il lui offrit les deux haches à l’origine du conflit et lui dit : « J’offre à ta mère la possibilité de sortir de la condition de louve par ces haches. Si elle s’en sert, son immortalité lui sera enlevée, et elle quittera ce monde, à tout jamais. »
Wolfr’ rapporta les paroles et les objets à sa mère.
On raconte que Dorkha choisit la mort et s’entailla à l’aide des haches. Mais, par la volonté du Divin Gornagh admiratif, les plaies se refermèrent, le poison disparut, et elle reprit son apparence première, comme sa mortalité.
Sujet: La Légende des Deux-Haches